ATELIER THÉÀTRE

ATELIER THÉÀTRE 2004/2005

Trois pièces de Jean Pierre Milovanoff

CHAGRIN DES ILES
CINQUANTE MILLE NUITS D'AMOUR
ANGE DES PEUPLIER

Distribution par ordre alphabétique :

Claire Caillot
Laurent Cavalier
Laetitia Culotte
Anne Sophie Datavera
Nicolas Ehrsam
Etienne Gentil
Michèle Jacquet
Florence Jourdain
Oliver Merlet
Daniel Tesson
Robert Turquety
Françoise Vilain

Musique Olivier Merlet

 

CHANTIER JEAN-PIERRE MIILOVANOFF

Depuis plusieurs années le Chai du Terral accueille « l'école du spectateur ». Il s'agit avant tout, pour THEATRE AU PRESENT, de faire connaître au public le processus de la création, de réaliser une approche du répertoire contemporain par la pratique et la fréquentation des œuvres.

Sous ma direction, un groupe de praticiens amateurs s'est constitué depuis deux années. Ils ont abordé l'an dernier une œuvre de Michel Azama et d'Harold Pinter, cette année je leur ai proposé un chantier exceptionnel, en abordant trois grandes pièces de Jean-pierre Milovanoff. : « Chagrin - des - îles », « Cinquante mille nuits d'amour » et « Ange des peupliers ». Ces trois pièces forment une sorte de saga, peuplée de personnages hors du commun, chatoyants et épiques qui fondent une oeuvre généreuse, de haute langue, qui rêve de la contamination théâtrale généralisée. Un moteur idéal pour une société d'acteurs amateurs, amoureux du théâtre. Ces sept heures de jeu sont à leur portée parce qu'ils ont une passion intacte et folle pour le grand art de la scène. Ce que nous allons faire ici ne s'apparente pas tout à fait à une mise en scène mais plutôt à une lecture scénique tout proche du livre et du temps inventif de la répétition.

Ce travail aboutira à une présentation publique en juin 2005, trois soirées, trois pièces pour un théâtre amateur totalement utopique.

«  Dans une société intéressée au bonheur et à la santé mentale de ses membres, mais respectueuse des fragilités de chacun, le théâtre ne devrait-il pas être pratiqué par tous, dès les premières années de l'école et jusqu'à la fin de la vie, comme le sport dont il est une variante parlée ? Le plongeur qui descend dans le noir et remonte dans la lumière, l'amoureux qui court à son rendez-vous donnent l'image des métamorphoses du cœur qui sont le secret du théâtre. Les enfants comprennent cela, quand ils se déguisent ; et les adolescents, que fascinent les jeux de rôles. En nous faisant entrer de biais dans les passions et les vies les plus déréglées, le théâtre donne une langue, un habit, un nom, une histoire, à l'insularité des corprs qui ne sont violents pour de vrai que par l'absence de projets à qui le présent les condamne et par l'humiliation d'aller sans mots ni rôle à jouer dans un monde de spectateurs. Je crois que la Littérature, reprise à sa source qui est l'Art et la Science, nous fournira un Théâtre, dont les représentations seront le vrai culte moderne. » Parmi tant de prédictions qui ne se sont pas réalisées, le temps n'est-il pas venu de réactiver celle-ci qui est de Mallarmé ? Un bon mouvement, donc ! Tous au théâtre !Tous poursuivant une autre vie, brûleurs de planches, brûleurs de langues.  »

J.P.Milovanoff

Sortant des habitudes du travail en direction des amateurs, par la dimension du projet(sept heures de représentation), et également par la nécessité d'écrire la partition musicale de « Cinquante mille nuits d'amour », par la nécessité enfin de créer un environnement professionnel d'encadrement et de soutien, ce travail a nécessité l'établissement d'un budget de réalisation.

Yves Gourmelon

Sur une île, les « décideurs » vont raser les maisons des pêcheurs pour faire un port de plaisance. Ils croient qu'on peut laisser les chagrins derrière soi, comme on met les vieux à l'hospice. Ailleurs, c'est un vieux domaine rural, dont la vaste salle commune bruisse encore d'histoires, qui va être sacrifié pour faire passer le TGV : toujours les mêmes vieux litiges.

Il ne faut pas s'étonner alors, de ces personnages qui reviennent, d'une histoire à l'autre, ni de ces destins, dont la courbe a le même profil, dessinant ces motifs récurrents, qu'on voudrait suivre dans leurs groupes de transformations, selon qu'il sont déviés ou contrariés : une petite prostituée qui rêve de se noyer sur un air de « fête de la faim », un tueur à gages sauvé des eaux et rédimé par son dernier contrat, un saltimbanque dans l'âme, prisonnier d'une terne vie de flic…

Un léger décalage entre la décision et l'acte, un doigt qui pousse une gâchette, ou ne pousse pas un crochet, et tout change de sens : un assassin meurt à la place de la victime, une fille se noie avant qu'on ne la prostitue. Certains y voient l'intervention d'un ange…

L'ange, c'est le mot, le récit qui, en nommant une action, fait allusion à une autre, et, par là, questionne leur valeur. S'il ne peut tourner à l'envers, le monde est circulaire comme une piste de cirque : on y joue toujours les mêmes numéros, à quelques variantes près. Prisonniers de la piste, ces personnages ont encore et surtout ceci en commun : dans l'émiettement de la péripétie, leur histoire leur semble confuse, mais pour peu qu'on y entre, on s'y retrouve. Ainsi, en se racontant intarissablement des histoires pour y voir clair dans leurs histoire, ils nous montrent que, pour faire un bilan définitif et savoir lequel l'emporte du bien et du mal, ou s'ils s'équilibrent, nous n'avons plus désormais le recours d'un narrateur extérieur à l'univers de l'histoire : ni super-flic, ni Dieu qui se rappelle tous le noms ne nous déchargent de la responsabilité de nous raconter notre histoire, de la vivre en la narrant, sous peine de mourir dans la confusion.

Bonne promenade, sur les berges du roman-fleuve.

Daniel Tesson

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