ATELIER THÉÀTRE

ATELIER THÉÂTRE 2006/2007

Deux pièces de Jean-Luc Lagarce

Les règles du savoir-vivre dans la société moderne

La dame n°1 : Sylvie Bourges
La dame n°2 : Claire Caillot
La dame n°3 : Flavie Lecoq
La dame n°4 : Perrine Martin

Nous, les héros

La mère : Michèle Driguez, puis Béatrice de Chabert
Joséphine, la fille aînée : Flavie Lecoq
Eduardowa, la fille cadette : Perrine Martin
Karl, le fils : Nicolas Ehrsam
La grand-mère : Sylvie Bourges
Raban : Laurent Tricoire
Max, son meilleur ami : Etienne Gentil
Mme Tchissik : Audrey Plevert, puis Michelle Jacquet
M. Tchissik : Daniel Tesson
Mlle, l'intendante : Claire Caillot

Atelier théâtre, direction et mise en espace : Yves Gourmelon

MERCREDI 6 ET JEUDI 7JUIN A 20H
au Théâtre Pierre Tabard
17 rue Ferdinand Fabre Montpellier

 

Il y a l'entrée et la sortie, la naissance et la mort. Entre les deux, vivre ne s'improvise pas. Exemple, les fiançailles : la représentation doit être parfaite ! On prend d'infinies précautions pour que n'arrive ce qui arrive parfois qu'il arrive : la bévue, anguiforme et visqueuse, à la trogne goguenarde, rubiconde et lisse comme le cul du singe, qui vient casser le charme discret de la cérémonie. Alors, la fiancée prend le voile, et le prétendu s'en va bouffer du boudin dans la Légion, à moins qu'il ne se rabatte sur la plus tarte et bossue de ses cousines pauvres. Dans toutes les occasions, grandes ou petites, on ne plaisante pas avec ça. Heureusement, il y a le définitif Livre de Vie, l'étiquette, qui enseigne à chacun comment composer un personnage plausible et décent.

Mais être soi-même son propre personnage, jouer la pièce immuable dans les occasions auxquelles préside le vide endimanché, travailler à la production du peu ou du trop de réalité, essayer de donner, avec du faux, l'illusion du vrai : le monde entier finit par ressembler à Barentin, Noeux-les-Mines ou Teplitz, et on se fait tartir, tartir car pas autre chose, ni d'autre mot. Ainsi que cela n'en finit jamais de se passer. Alors, l'opiniâtre mauvaise volonté de l'enfant se réveille, et avec elle l'animalité incontrôlable. Il vaut mieux quitter cet univers de faux semblants, où même nos propres sentiments paraissent faux. Il vaut mieux quitter la scène.

Oui mais, est-ce facile de sortir de scène pour retrouver l'existence informelle, un monde sans texte, sans partition de gestes préalablement réglés, un monde qui n'existe pas, qui est à inventer, où il faut tout inventer ? Orphelins du jeu, quand la pièce a bien marché, c'est encore pire quand on s'accuse d'avoir cassé le jeu les uns des autres, et d'être mutuellement responsables de l'effondrement de la représentation. Les coulisses, l'envers du décor, c'est là où l'on se déboutonne : combien de veuves, dans leur bain, maintiennent le décorum du grand deuil ? Ici, c'est la ménagerie des vices étalés au grand jour, et le plus difforme de tous n'est peut-être pas celui dont le gosier trop pentu ferait honte à Falstaff.

Dressés les uns contre les autres, ils parlent tous de se séparer, mais demain ils seront encore ensemble. Il y a l'entrée et la sortie, la naissance et la mort. La guerre les séparera, avant de les effacer. Dans le Journal de Kafka, ils traversent l'année 1912. Quelques-uns gagnèrent un Monde pas si Nouveau qu'on le dit, puisqu'ils y continuèrent ce qu'ils avaient appris en Europe centrale : la "désintégration intégrale du réel par la poésie" et le jeu théâtral.

Daniel TESSON

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