PROGRAMMATION THEATRE PIERRE TABARD - lakanal

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Interview de l'equipe artistique sur l'emission radiophonique "Zarba" le lundi 3 novembre à 16h et mardi 4 novembre à 10h sur l'Eko des garrigues 88.5 Emission en ecoute (cliquez ici)
nterview de l'equipe artistique sur l'emission radiophonique theatromanie (vendredi à 12h30 et 17h30) sur radio clapas 93.5 Emission en ecoute (cliquez ici)

Le theatre des paroles

Extraits du Théâtre des paroles et de Devant la parole

de Valère Novarina

Precede de l'installation plastique «Parole trouee»

Mise en scène et interprétation Yves Gourmelon et Lydie Parisse
Avec la participation de Philippe Goudard
Espace sonore et vidéo Emmanuel Valeur
Lumières Luc David

creation du 7 au 23 novembre au theatre pierre tabard - lakanal à montpellier
Coproduction Compagnie Theatre au Present et Cie Pierre Barayre

Du 7 au 23 novembre 2008 au theatre pierre tabard - lakanal
20h45 vendredi et jeudi / 19h samedi / 17h dimanche
17, rue ferdinand fabre - 34090 montpellier
acces: tram 1 arret louis blanc, tram 2 arret corum

Novarina affirme dans un texte des années 80 une hostilité à la prétention communicante des médias et de la télévision. Dans Devant la parole , il nous fait entrer, loin des poncifs de la figure de l'écrivain, dans le laboratoire d'un écrivain-peintre plus manuel qu'intellectuel, dans un étrange atelier artisanal où l'on assiste à son ascèse : il se contraint à des exercices physiques, des tâches manuelles, des activités répétitives, où il affronte la matière du monde en même temps que la matière des mots, loin des schémas de la communication binaire, loin des représentations toutes faites de la langue et du langage. L'écrivain, briseur d'idoles, est celui qui se trouve au « croisement contradictoire des forces ». L'écriture du plateau, l'écriture de théâtre devient un exercice de peinture en grand format, un combat avec l'espace.

Rendant un hommage vibrant au théâtre, Novarina en dresse un portrait paradoxal : le théâtre est le lieu où l'on ne vient rien voir, où ce qu'on voit n'est pas identifiable, où l'acteur se livre à un sacrifice comique, où nous sommes finalement amenés à mettre en cause nos représentations. « Si l'artiste est doué , c'est d'un manque », écrit-il . Ce manque fondateur, c'est le lieu du mystère, de la jubilation et de la perte.

 

Le samedi 22 novembre 2008, l 'ALLEMS (équipe DIPRALANG), RIRRA 21 et la Compagnie Théâtre au Présent proposent une rencontre avec Valère Novarina au Théâtre Pierre Tabard-Lakanal, suivie d'une lecture par l'auteur, en ouverture du spectacle « Le Théâtre des paroles»
En partenariat avec l' Université Paul Valéry de Montpellier

Programme de la journée du 22 novembre 2008

15h30-17h30. Rencontre animée par Lydie Parisse sur le thème de « L' “énergie” de la parole selon Valère Novarina : parole poétique, parole prophétique, parole théâtrale ».
Rencontre ouverte à tous, et en particulier aux étudiants et enseignants des Départements Sciences du langage, Arts du spectacle (programme M1), Lettres modernes.

18h : lecture par Valère Novarina de textes de son choix.

19h : spectacle Le Théâtre des paroles et installation plastique Parole trouée .

Entrée libre sur réservation pour la rencontre- lecture

Contact 04 67 16 28 82 (nombre de places limitées).

En 2002, la revue Europe, Valère Novarina confie : « Le théâtre est un lieu de perdition. Le lieu de la défaite humaine, où nous venons ensemble nous déconstruire. C’est un lieu commun où nous nous rassemblons pour qu’éclatent tous les lieux communs ».
Sa conception du théâtre, fondée sur l’idée d’une sacralité du plateau tout en héritant de l’Anti-théâtre, place au centre le texte, mais un texte métamorphique, force agissante, plastique, scénique.
Rendant un hommage vibrant au théâtre, Novarina en dresse un portrait paradoxal : le théâtre est le lieu où l’on ne vient rien voir, où ce qu’on voit n’est pas identifiable, où l’acteur se livre à un sacrifice comique, où nous sommes finalement amenés à mettre en cause nos représentations. « Si l’artiste est doué, c’est d’un manque», écrit-il dans Le Théâtre des paroles. Ce manque fondateur, c’est le lieu du mystère, de la jubilation et de la perte.
Ce spectacle, dont la forme et le vocabulaire sont dans la lignée d’autres spectacles que nous avions réalisés - Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa et L’Encercleur de Lydie Parisse - s’est construit autour de la prose de Valère Novarina : ses réflexions sur le théâtre, indissociables de ses « réflections » sur la langue, extraites de deux recueils, Le Théâtre des paroles et Devant la parole. Place prédominante de l’objet, importance des voix enregistrées, textes écrits, textes dits, textes mangés.

Parcours du spectacle

Les premiers textes donnés sont extraits du Théâtre des paroles.
Dans la salle carrée, celle au mur du temps, un haut-parleur déroule une liste à deux voix, qui vise un épuisement de la parole - et de la logique - en questionnant les notions d’intérieur et d’extérieur. Le titre est : « Ce dont on ne peut parler, c’est cela qu’il faut dire ».
Il y a, ensuite, au début du spectacle proprement dit, Notre parole, dit par Yves Gourmelon, pamphlet dirigé dans les années 1980 contre la prééminence des médias et de la télévision, contre la prétention au « tout-communicant » de l’idéologie dominante. Texte virulent, qui contient les germes des écrits spéculatifs à venir : Devant la parole, Lumières du corps sont de la même veine que Notre parole. Dans ce texte limpide, provocateur, l’écrivain se fait le chantre d’une salutaire déraison, et assume pour lui-même, en toute candeur, la posture de celui qui invective, qui appelle au changement. La parole prophétique rejoint la parole théâtrale, elle-même indissociable de la parole poétique. On y trouve des phrases telles que celles-ci : « La communication veut tout dire, tout vider, nous informer de tout, tout expliquer, mais nous savons très bien qu’au bout de toute explication c’est toute une série de causes mortes qui s’est déroulée devant nous. » (p.164). « Parler n’est pas communiquer. Toute vraie parole consiste, non à délivrer un message, mais d’abord à se délivrer soi-même en parlant. Celui qui parle ne s’exprime pas, il renaît. Parler respire et la pensée délie. Toute vraie parole est résurrectionnelle ». (p.163).
Enfin, il y a un extrait de Devant la parole, qui poursuit le propos de Notre parole, et qui continue avec Le Débat avec l’espace, entièrement enregistré en voix off - voix plurielles, d’enfant, de femme, d’hommes - sur lequel se déroule un théâtre d’objets, théâtre muet qui utilise tous les supports possibles des mots - mots écrits sur du papier, au sol, au mur, sur de panneaux, mots dits, mots filmés dans une bouche, mots diffractés par des voix diverses, dans des supports-objets divers. Ce texte, publié dans Devant la parole en 1999, nous fait voyager dans le laboratoire de l’écriture de Valère Novarina, dans l’émerveillement et le refus. Refus de la logique binaire, émerveillement devant la puissance de création contenue dans la parole, qui et une île dans le langage et mobilise en entier celui qui l’écoute, qui la pratique. Physiquement et métaphysiquement « au croisement contradictoire des forces », Novarina raconte les conditions d’écriture de ses propres textes, leur processus de gestation mystérieux, en relation avec la peinture et les arts plastiques. C’est d’une parole « trouée » qu’émerge peu à peu, comme un tissu, ou comme un processus géologique, le texte. Novarina nous guide à travers ses failles, couches et sous-couches, ajours, glissements de terrain.

Avec ce texte de Valère Novarina, on entre d’emblée dans un étrange atelier artisanal. L’auteur fait le récit de sa mise en condition physique d’écrivain de théâtre. Et on est immédiatement très loin des poncifs du travail de l’écrivain. En apparence, Valère Novarina, pendant l’opération d’écriture, ne se livre en rien à une activité intellectuelle. Il se contraint plutôt à des activités répétitives, affrontant la matière, se soumettant à une sorte d’ascèse par l’exercice physique, exécutant des tâches manuelles. L’écriture du plateau, l’écriture de théâtre devient un exercice de peinture en grand format, un combat avec l’espace. La place singulière de l’œuvre théâtrale de Novarina prend ses sources dans cet exercice mystérieux et animal de l’écriture et de la peinture. Nous avons cherché par cette présentation scénique à mettre en scène « cette déreprésentation humaine », ce laboratoire alchimique, cet artisanat de charpentier foutraque, ces bizarres travaux de force préparant, dans la presque hébétude, l’accouchement d’une parole de l’homme sans l’homme, loin de la langue de communication binaire.
La fin du Débat avec l’espace défend une conception paradoxale du théâtre. Le théâtre est le lieu paradoxal où l’acteur vient pour monter et tombe, le lieu d’un « comique cristallin », d’un comique métaphysique. Ces idées, c’est surtout Pour Louis de Funès qui les développe, essai sur l’acteur devenu aussi incontournable que Le Paradoxe sur le comédien de Diderot ou La formation de l’acteur de Stanislavski.

Installation « parole trouée »

Dans la forme qui est jouée au Théâtre Pierre Tabard - Lakanal, qui possède un appartement vide à l’étage, le spectacle est précédé d’une installation, qui emprunte son titre à l’ouvrage La parole trouée : Beckett, Tardieu, Novarina de L. Parisse, publié aux Editions Minard en 2008. Elle est évolutive et subira des variations lors des représentations de Realitarium en mars 2008, qui porte également sur la parole.
Dans le cadre d’une reprise ultérieure, cette installation peut être ajoutée au spectacle ou non, selon la configuration des lieux.
C’est à partir de la notion de « parole trouée » que s’est construit le spectacle. Pourquoi « parole trouée » ? A l’origine, un manque, un trou, comme l’affirme Valère Novarina dans Pour Louis de Funès : « l’homme est un trou et il faut jouer au bord ». Ce manque est lié à la condition humaine. Trouée, la parole l’est nécessairement au théâtre, parce qu’elle s’inscrit dans les silences, les non-dits, parce qu’elle permet aux répliques de rebondir, de se mêler à l’espace du jeu, de se combiner à d’autres langages, visuels, gestuels, sonores. Trouée, la parole l’est plus fondamentalement encore dans sa relation d’étrangeté aux mots et aux choses, caractéristique du rapport que tout poète entretient au langage et au système de la langue en général : parler est un acte de séparation et toute parole ouvre sur l’abîme. « Au fond est notre brèche ».
Novarina a su montrer combien le rapport au langage est dicté par la passivité, qu’il s’agisse d’écrire le texte ou de le jouer. Au carrefour du personnage, de la persona, de la personne, l’acteur, comme l’auteur, est une figure du dépossédé, dépossédé dans sa langue, dépossédé dans son regard, dépossédé dans son corps-même. « Au plus profond de la personne : personne », écrit Novarina à propos de Jeanne Guyon.
Le théâtre est le lieu de la crise de la représentation et des représentations, il n’est pas le lieu du paraître mais du disparaître, pas le lieu de l’illusion mais du vrai, pas le lieu du simulacre mais de la révélation, pas le lieu du divertissement mais de l’interrogation vitale, pas le lieu de l’arrogance mais de l’humilité, pas le lieu de l’incarnation mais de la désincarnation, et si les spectateurs ont horreur du vide, ils n’entendront parler que de lui, et s’ils viennent voir le sacrifice d’un autre, c’est eux-mêmes, au bout du compte, qui seront - symboliquement - sacrifiés.

VALERE NOVARINA

Ecrivain-plasticien, metteur en scène et acteur
Né en Suisse en 1947, est l’un des auteurs dramatiques les plus importants de notre époque.
Il est de ces poètes qui fondent leur théâtre sur le sentiment d’étrangeté dans la langue. Pensant l’espace scénique à partir de la peinture, de son regard radicalement autre, de son langage radicalement autre, il revendique, au fondement de l’écriture, une expérience de sortie de soi, ou de dépossession fondamentale, qui est disponibilité à une « parole » qui n’est pas seulement mots, mais gestes, regard, sons, signes, graphisme, espace, silence, et relève autant des arts plastiques, de la cinétique (forces centrifuges), de la géologie (tectonique et glissements de terrains), de la couture (texte-tissu) que de la littérature au sens strict. Ecrire c’est d’abord s’enraciner dans le sol, c’est un exercice physique d’humilité. Novarina peint au sol, écrit au sol, met en scène à partir du sol. Ce qui compte, ce n’est pas l’oeuvre achevée, mais le processus mystérieux par lequel elle s’accomplit.
Valère Novarina est un peintre-dramaturge des hauts-fonds, théoricien et praticien du théâtre, un explorateur des langues enfouies. Il tente de faire survenir en scène une parole totalement hors norme, entièrement liée à son expérience picturale. Son œuvre est une sorte de roman corporel, révélant une réalité humaine animale et cosmique, proche des éléments, loin de nos perceptions habituelles.

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