conception, interprétation Yves Gourmelon
assistante scénique, réalisation de linstallationLydie Parisse
collaborationAlain BÉhar
lumières Tangi
durée 1h10
Production Théâtre au PrésentPremier amour : la légende.
Premier amour est sans doute le premier texte en français de Beckett, composé la même année (1945) que Mercier et Camier – roman en français. Il a quarante ans. Il est à l'aube de son œuvre théâtrale – trois ans avant Molloy et En attendant Godot. Il a écrit en anglais quelques études, quelques fictions, quelques poèmes, et publié Murphy et Watt. Premier amour est à la fois un texte inaugural – de l'œuvre théâtrale, française, à venir - et un texte de rupture, parce qu'il naît de la confrontation à une altérité irrécupérable, celle de la femme, celle de l'Homme, celle de l'histoire – on vient de découvrir l'existence des camps - celle du langage : le narrateur étranger parle une langue étrange en imposant un autre rapport aux codes, au monde, aux représentations du monde.
Premier amour, c'est la légende fondatrice de celui qui devient homme, mais surtout écrivain. En se liant à la femme, en n'étant plus le fils de personne, il sort de l'enfance – les premiers mots lient ces deux événements : le « mariage » (au sens intime et non social), et la mort du père. Mais qu'on ne s'y trompe, tous les premiers amours mènent au Verbe : le père lui a appris à nommer les choses et à comprendre les tomates, Anne-Lulu, la prostituée-Pythie, lui a appris un chant dont il ne peut plus se passer, un chant discontinu seul capable de rivaliser avec le silence, et qui fournit la matrice de l'œuvre à venir. Obsédé textuel plus que sexuel, l'artiste entre dans la légende de la littérature sacrificielle et inspirée, dernier refuge et exutoire aux temps de l'horreur. Son premier amour sera aussi son dernier, ou son unique.
Lydie Parisse
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Pas de répétition classique, seulement une préparation. Je dis ce texte en le sachant, mais avec fragilité, afin d’introduire le souffleur dans le cours de la récitation immobile voulue par l’auteur. La difficulté est de garder pendant toutes les soirées le manque du premier soir. De toujours oublier.
En décembre 2004 au Chai du Terral lors de la première présentation de ce spectacle, pour me guider dans cette démarche singulière, j’avais trouvé avec Alain Béhar la personne qu’il fallait, habituée aux « tangeantes » et à l’inachèvement productif. Ce choix d’inachèvement interrogeait ma pratique de metteur en scène ,d’artiste, mais il voulait aussi interroger la place du public.
J’ai l’intuition que la fragilité de la représentation crée une tension positive, et favorise la rencontre entre le plateau et la salle.
Yves Gourmelon
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